20/04/2012
INCROYABLE BOL D'OR 2012
Lors de notre arrivée le lundi 9 en terre nivernaise, toute l'équipe savait déjà que la semaine allait être studieuse. En effet, chacun avait à coeur de briser cette spirale négative dans laquelle nous étions engagés depuis 2010.
Les deux premiers jours furent donc consacrés au montage et le stand a pris très vite forme, les deux "belles rouges" ronronnant de plaisir, impatientes d'aller sur la piste.

(cliquez sur les photos de l'article pour agrandir)
Traditionnellement, le mercredi est consacré aux vérifications administratives et techniques, et nous profitons de deux heures d'essais libres pour rôder un moteur que nous venons à peine de recevoir. Cela fait deux jours que nous nous faisons "doucher" du matin au soir par une très sympathique météo mais le "moral des troupes" reste bon, les choses avancent bien.
Jeudi, les choses sérieuses commencent vraiment. Au briefing des team managers, le directeur de course fait part de son inquiétude face aux prévisions météo catastrophiques pour la course: pluie, froid intense...autant d'éléments qui vont réellement faire souffrir les équipages.
Puis nous enchainons par une petite séance d'essais libres avant la première bataille face au chrono, sous la forme de la session n°1 des essais qualificatifs.
Stéphane est le premier à s'élancer pour 30mn et valide un tour en 1'44"744, puis Sébastien boucle un 1'44"035 et enfin David conclue par un 1'45"941 ce qui porte la moyenne des 3 pilotes à 1'44"907. Rappelons que c'est cette moyenne qui est prise en compte pour la position de la moto sur la grille. Nous savons que la seconde session, celle du vendredi, nous permettra d'améliorer ces chronos.
La moto a le potentiel pour aller plus vite mais nous manquons de temps de roulage pour trouver les réglages parfaits. En effet, nous avons du changer le concept des bras oscillants entre les prébols et le Bol (ceux fournis par MG Compétition ne fonctionnant pas), pour repartir de "0" en réadaptant ceux d'origine.
Nous travaillons, sans nous affoler....
Nous avons également le plaisir de recevoir la visite des profs et élèves du lycée professionnel Réaumur (Poitiers). Tout au long de l'après midi, ces jeunes seront attentifs aux explications de l'équipe sur le rôle de chacun, la stratégie de course, les améliorations mécaniques d'une machine de course par rapport à la série, découvriront les métiers de la compétition en sports mécaniques et pourront même assister aux essais qualificatifs à l'intérieur même du stand, grâce à la collaboration de l'organisateur du Bol et à celle de la direction du circuit.
Cette longue journée se conclue par 1h d'essais de nuit, qui nous permet de valider le traditionnel repérage de la moto, les dispositifs de nuit et permet aux pilotes de prendre leurs marques en conditions nocturnes.
Ce vendredi tout s'enchaine très vite. Dès le matin, seconde séance d'essais qualificatifs. Comme prévu, nous améliorons nos chronos. Stéphane est en 1'44"200, Sébastien en 1'43"644 et David est en 1'44"356 ce qui descend la moyenne en 1'44"067. Cette bonne performance nous place en 17ème position sur la grille, parmi les 55 engagés.
Puis c'est au tour du public de venir nous voir, rencontrer les pilotes, à travers la sympathique et traditionnelle visite de la pit-lane.
Le repos du soir est bienvenu, demain est un grand jour. Même si nous avons de l'expérience, nous sommes tous un peu plus tendus face à l'enjeu.

Enfin le samedi ! Inattendu, le soleil est au rendez-vous pour le warm-up !!!........ pars pour longtemps car dès 14H, une énorme averse s'abat sur Magny-Cours. L'inquiétude monte alors car faire un départ sous le déluge, c'est risqué, très risqué, surtout en épis.
Heureusement, la pluie s'arrête quelques minutes avant le départ, mais cela a pour effet de faire grimper la tension nerveuse.
15H Enfin le départ !
Avant même la fin du premier tour, deux machines partent à la faute à la chicane placée avant la ligne droite des stands: la 55....et la 18 !!!!!
Sébastien glisse jusqu'à l'herbe, se relève très vite et ramène la machine au stand. Toute l'équipe s'affaire pour réparer le côté droit qui a "bien ramassé" !!
Un bon quart d'heure de perdu quand la machine ressort enfin du stand, nous repartons alors 55èmes avec 5 tours de retard sur le 54ème !!! C'est énorme !
Mais 24H c'est long et de toute manière, nous sommes déterminés à ne pas abandonner cette fois-ci. Débute alors la folle remontée du Bol 2012....
Stéphane prend la suite de Sèb pour son premier relais mais au bout de 10 tours il rentre en catastrophe au stand: voyant d'alarme essence déclenché depuis 5 tours au moins. Nous remettons rapidement du carburant, nous apercevant par la même occasion (en remettant très peu d'essence pour atteindre le plein) que le problème ne vient pas de la machine mais de la jauge qui a du se déplacer et se coincer au cours de la chute... Pfffff, un arrêt pour rien mais Stéphane a eu raison d'être prudent...
Du coup, nous comprenons que nous n'avons plus de jauge fiable pour nous sécuriser au cas où nous serions trop ambitieux dans notre nombre de tours. par sécurité, nous sommes donc contraints d'adopter une stratégie "sage" avec des tours de "sécurité", ce qui retarde un peu plus la remontée au classement.

C'est au tour de David de s'élancer pour son relais, et dans son dernier tour (d'un relais déjà raccourci pour la raison de la jauge) il tombe en panne d'essence !!! Alors là on ne comprend plus rien car on ne peut décemment pas raccourcir plus les relais..... Problème de pompe ? de moteur ? d'injection ? de réservoir ?
Lorsque Sèb s'élance donc pour son second relais, nous procédons à plusieurs essais avec le derrick et on s'aperçoit qu'un vortex créé par le flux d'essence lors du remplissage coince une grosse bulle d'air dans un coin. Il faut donc "forcer " le remplissage pour l'évacuer sans quoi le derrick nous renvoie l'info que le réservoir est plein, mais sans que cela ne soit vrai !!! On a trouvé !!
Par contre, l'absence de sécurité due à la panne de jauge va nous contraindre à modérer notre agressivité sur la conso, mais au moins on est sûrs d'avoir écarté une nouvelle panne.
Petit à petit les pilotes cravachent pour remonter: 50ème.....40ème......30ème.....
Une sorte de crachin s'invite dans la course, commence alors la valse des changements de pneus et le casse-tête associé à cette sorte d'humidité pas vraiment franche.
Sèb écope d'un "stop and go" pour vitesse excessive dans la voie des stands. Nous prenons une pénalité d'arrêt de 30s en plus du passage obligatoire par la voie des stands.
Puis arrive la nuit, nous avons de plus en plus froid, le crachin continue à jouer à cache-cache avec toutes les équipes. Ne surtout pas aller à la faute est notre objectif premier.

Vers 21H nous entrons dans le top 20.

La nuit s'annonce longue et difficile mais les ravitaillements s'enchaînent.

Tout le monde est archi motivé, le "gros ravitaillement" au cours duquel nous changeons les étriers de frein est réalisé en un temps record, moins de 2mn !
Lorsque le petit matin pointe le bout de son nez, chacun espère que le soleil va nous réchauffer un peu mais il a oublié de venir !

Une sorte de ciel gris très bas, et du crachins, sont eux, bien au rendez-vous !! Ca va être long jusqu'à 15H, d'autant plus que lorsque nous mettons les pneus pluie, la piste s'assèche très vite au bout d'une dizaine de tours et lorsque nous changeons à nouveau pour des slicks, c'est là que le crachin revient !!
Une vraie guerre des nerfs s'engage.

Malgré tout , la 18 remonte encore et encore sur ses adversaires, jusqu'à atteindre le top 10 3 heures avant l'arrivée.
Malheureusement, Sèb se fait piéger par la piste très changeante et part à la faute. Encore une fois, il parvient à ramener la moto au stand, malgré la douleur et permet ainsi à l'équipe de tenter sa chance dans la réparation. Celle-ci est effectuée en 5mn et nous repartons, aux alentours de la 13ème place.
Les écarts sont par contre importants et nos adversaires directs roulent assez forts.

On ne s'en laisse pas compter et nous repartons dans la bataille, jusqu'à conquérir une douzième place que nous ne quitterons plus jusqu'à l'arrivée.
A 1H de la fin, un suintement d'huile nous oblige à un nouvel arrêt pour le contenir mais cela ne suffira pas à nos adversaires pour nous reprendre notre bien.

La dernière heure est très longue pour nos nerfs, d'autant plus que nous avons en tête l'expérience de 2009 où nous avions failli perdre le podium pour une fuite d'huile à 5mn de l'arrivée !!
15H: c'est l'explosion de joie car la 18 a contrôlé ses adversaires et franchit la ligne en 12ème position au général, et se plaçant par la même occasion à la 7ème place du championnat du monde d'endurance !!!!
Pas mal non ? pour une équipe partie 5 tours après tout le monde 24H plus tôt !!!!
Merci à tous nos soutiens, fans et sponsors qui nous suivent dans cette belle aventure. Nous vous dédions cette fabuleuse remontée.....